L’aube des âges perdus

Un ouvrage chez édilivre dont une présentation se trouve sur youtube

L’aube des âges perdus est une chanson de geste, une fable sur une époque où les animaux se faisaient entendre des hommes. Ainsi, un prince amoureux d’une faune s’enfoncent ils en forêt pour une mission confiée par les fées. afin de bloquer l’invasion des hyènes, ils doivent rallier les grandes familles de prédateurs. le clan des loups, ainsi que celui des rampants.

Voici l’extrait de leur arrivée chez le monde rampant, où ils doivent rallier le grand anaconda à la cause:

Les deux amoureux s’enfoncent dans les marais,
Les arbres sont vieux et pataugent en eaux glauques,
Parfois un long serpent remue et disparaît.
Plus loin leur parvient un cri d’agonie rauque
Puis c’est le silence; ici, tout sent la mort,
Mais nos enfants poursuivent en se tenant la main
On leur a dit où trouver le rampant si fort
Mais qu’ensuite, ils n’auraient plus de lendemain.

Ils voient une masse onduler avec grâce,
Ses couleurs profondes ont de beaux reflets changeants
Comme des joyaux qui aussitôt s’effacent,
Tous ses mouvements doux et lents sont envoûtants.

On devine des muscles qui vous encerclent
Et qui, avec leur beauté luisante et sombre
Vous gardent prisonniers en faisant des cercles
Jusqu’à ce qu’on ne voit plus que la pénombre.

Approchant le monstre ils voient entre ses anneaux
Qu’un combat silencieux a lieu, lent et patient,
Car le serpent enveloppe un puissant taureau,
Qui gigote à bout de force, vainement.

Ce cri d’agonie il y a peu venait d’ici,
Le taureau pourtant si fort se tord engourdi
Entre des muscles enroulés en étau précis,
La bête a les yeux vides et le regard étourdi.

La tête de l’anaconda remue sur sa proie,
Sa langue fourchue en touche les paupières
Les endort, quand la vigueur du taureau décroit
Ses os craquent et sa tête tombe en arrière.

 

En bord de vie, trois nouvelles disponibles sur amazon kindle

Présentation de la trilogie : En bord de vie

Des personnes bousculées par des rencontres ou des évènements sont surprises de se trouver en bord de leur vie; si l’une se remet en question, l’autre part à la dérive, et la troisième gagnera en maturité.
Vaste ciel :
Résumé : Un jeune pompier est mis en congé forcé afin de se remettre d’une intervention difficile. Il choisit de partir à l’océan.

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Extrait1 :
J’essaie de rationaliser ce qui s’est passé, de tout dépassionner. De revoir l’intervention sur le film des souvenirs, d’affronter ce visage désespéré que je ne reconnaissais pas. Cette tête avalée dans la pénombre et ces yeux éclairés par les lumières tournantes des gyrophares, comme des appels muets dans la nuit. Je ne les voyais que par alternance, engloutis qu’ils étaient dans l’obscurité et déjà presque perdus, pour ne les découvrir qu’un instant dans l’éblouissement de la lumière bleue sans vraiment être sûr de ce que je voyais. Parce que la nuit retombait irrémédiablement. Puis les renforts sont arrivés aux cris de mes appels. Louis, mon ami de brigade s’est défenestré hier soir pendant mon service. On était tous émus et pressés d’intervenir dans le camion. On a couru partout, sous sa fenêtre, dans la rue, mais il avait rampé sous des haies. Je l’ai trouvé en premier. Je suis allé le récupérer, il était en sang, je le tenais dans mes bras. J’ai cru qu’il allait mourir, en tout cas j’avais de bonnes raisons de l’envisager.

Extrait2 :
Je termine ma semaine de vacances chez elle, et je m’arrange au boulot pour rallonger cinq jours supplémentaires. J’ai emménagé dans son appartement. Elle me fait découvrir le rivage, on se prépare des pique niques, tout est prétexte pour manger dehors. Elle me fait visiter des citadelles encaissées en retrait des eaux, des abbayes et des fortifications moyenâgeuses. Elle me fait marcher dans des marais que hantent les chouettes au clair de lune. Elle aime qu’on fasse l’amour dehors, sur l’épaisse mousse qui pousse sous les chênes tandis que les herbes hautes de la clairière à côté ondulent comme la mer. J’avais jamais fait ça sous des hululements. On s’est aimés nus pendant que les feuillages bercés de vent s’agitaient comme des ombrelles en nous cachant du clair de lune. Elle me montre les arbres dodeliner de la cime la nuit en me disant qu’ils rêvent. Elle aime marcher dehors, on fait ça toutes les nuits après qu’on ait vu le coucher de soleil sur la mer. On disparaît dans la lande, parfois je ne sais même pas où on est, je dois me repérer au lointain bruit des vagues qui arrive comme un chant dans le silence et j’adore ça; elle me montre les écluses, m’entraine autour des chapelles et des petites églises romanes. On passe près des troupeaux de moutons qu’elle réveille et fait courir pour entendre cet empressement de sabots dans l’herbe molle comme une agitation élégante et douce; on s’approche des vaches assoupies sous les arbres. Elle me fait cueillir des mûres sans lampe de poche, juste au clair de lune. C’en est presque religieux. Nous devenons des ombres dans la nuit. Je découvre le monde. Aurore est une ondine me dis-je parfois. Elle m’initie à une autre vie, et je me demande ce qu’elle me trouve tant elle est à l’initiative de tout. Ensuite on se douche et on rentre dans son lit où elle vient se blottir dans mes bras comme un petit oiseau frêle et elle s’endort aussitôt. Moi je ne tarde pas à trouver le sommeil. Je n’ai jamais été aussi bien dans ma peau.

Effet tunnel :
Résumé : Un libraire tombe amoureux d’une jeune fille qui joue avec l’amour. Il n’hésitera pas à la droguer pour la garder à ses côtés.

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Extrait1 :
Au fil des jours je vois bien qu’elle s’est habituée à moi, à mes réflexions intellos. Elle a moins envie maintenant, elle s’ennuie et ça m’angoisse. J’y pense la nuit. Je n’ai jamais connu un coup comme elle, et refuse de retourner au désert de ma vie passée. Je suis jaloux d’elle, de sa joie, de sa libido. Je l’enlèverais presque. C’est à partir de là, de cette prise de conscience qu’une fois, alors qu’elle était saoule et nue je l’ai piquée. Elle était bourrée, endormie après l’amour et je l’ai piquée à l’héroïne. Elle m’a regardé boudeuse et n’a pas compris ce que je lui faisais. Là je l’ai enchaînée à moi, ma luciole. Droguer sa gonzesse c’est mieux qu’un serment devant un curé; vous la garderez pour toujours. Un tox suit son dealer comme un chien désespéré. Je venais d’acheter sa liberté. Je me suis senti lâche, mais c’était plus fort que moi, c’était juste une précaution pour l’avenir.

Extrait2 :
Mais mon œil est revenu sur son épaule nue et juste sur sa peau sous sa bretelle de soutien gorge, puis il dévie sur la naissance de ses seins; je sens qu’elle veut qu’on couche ensemble, et qu’elle commande à mes sentiments. J’abandonne le combat. Elle me sourit toujours sage alors qu’elle et moi connaissons nos perversions. Elle poursuit:
-si on en est arrivés là, c’est parce qu’on a des sentiments trop forts l’un pour l’autre, non?

Elle a une façon ingénue de remuer la tête et ses cheveux courts soulignent son mouvement en ondulant. J’ai un frémissement dans les testicules. Je suis contraint de m’approcher d’elle, de m’agenouiller, de montrer que je ne veux plus la quitter, que j’ai capitulé et elle me sourit, elle a gagné, elle ouvre sa bouche sur la mienne, sa bretelle coule sur son épaule et je fourre ma main sous sa robe. J’ai une érection terrible. Cette fille est un poison me dis-je, ça vient peut être de sa culture des îles, de son approche du désir, j’en sais rien mais c’est malsain, elle sent bon et son sang brûle le mien, je mange son cou, ses épaules; elle émet de petits gémissements de douleur satisfaits quand je mords sa peau et ses cris rentrent très loin dans mon esprit et durcissent mon pénis. Cynthia serre ses mains contre mon dos et me griffe doucement, puis plus fort, me poussant à l’embrasser plus goulûment. Les bruits plaintifs et satisfaits qui sortent de sa bouche sont délicieux. Je la prends longtemps, on s’aime et on se fait mal, et je comprends que c’est ce qu’elle attend de moi, les preuves d’un amour douloureux.
L’île :
résumé : Deux adolescents vont s’aimer, si l’un est fils de policier l’autre est fille de toxicomanes.

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Extrait1 :
Le brouillard s’est levé et on fend des nappes de brumes. Notre marche devient irréelle. Pélisse a le visage détendu. Je l’aide à franchir une clôture barbelée. C’est l’aventure, elle se coupe. Son visage se crispe et puis me sourit. Elle a un regard profond dans le clair de lune, avec un bleu sombre que j’essaie de ne pas fixer trop longtemps. Je suis amoureux, ça y est, si j’en doutais encore c’est plus la peine. Elle a toujours l’air calme, toujours de bonne humeur.
Je l’ai ramenée tout près de chez elle, plus bas le brouillard étale sur la rivière une mer immobile qu’on regarde.
-t’en parles à personne de l’île, d’accord?
-d’accord Achille. T’as un joli prénom tu sais?
-toi t’es jolie tout court.
Je me sens con de dire ça, mais c’est sorti tout seul. Elle s’approche trop près de moi, me regarde en souriant et dépose un court baiser sur mes lèvres.
-à demain? Me demande t elle.
-oui, à demain.
Nos mains sont jointes jusqu’à ce que nos pas les séparent.
Extrait2 :
-oui, papa.
-jusque là, tout ça tu le savais. C’est maintenant que tu ne vas pas m’aimer, parce que je vais faire le sale boulot. Je dois te mettre en garde contre ce qui peut arriver. Cette fille grandit dans une famille à l’équilibre fragile, enfin je veux dire qu’ils ont des souffrances qu’ils tempèrent en ayant recours à la drogue, je ne te blesse pas en disant ça?
-non, vas-y continue.
-il n’est pas impossible que ta petite amie ait recours de plus en plus à ces substances ou à des formes plus dures encore. Alors entends moi: on peut aider les gens mais que jusqu’à un certain point. On ne peut pas les sauver quand ils ne veulent pas. Si je vois que tu la suis dans un délire de toxico je te ferai la guerre, mais tu le sais, ça?
-oui ça je le sais.
-et si tu fugues et si tu te caches je te trouverai, tu le sais aussi?
-oui! dis-je d’un ton définitivement agacé.
-excuse moi. Il est possible que ta petite amie tombe dans la dure, ce n’est qu’une supposition, et que cela tue votre relation aussi belle soit-elle. Et il ne faudra pas t’en vouloir ni à toi ni à quiconque mon garçon, parce qu’à ce moment là tu auras une grande colère qui pourrait te pousser à vouloir casser la gueule à ses parents ou à son dealer. Et c’est là que je voudrais que tu t’adresses à moi. Parce que tu auras envie de tout envoyer valser, parce que tu seras furieux de voir ta relation sombrer alors que tu auras été irréprochable.

Bjorn et une éclaircie, deux nouvelles chez Edilivre.com

Bjorn

résumé :
Dans les étendues enneigées du grand nord Bjorn s’aventure à la recherche de quelque chose et se prépare à tenir un rite solennel. Mais pour cela il doit marcher dans la nuit neigeuse, sans se perdre dans l’épaisseur du silence.

extrait :
La neige tombe dans la nuit. Ses pétales flottent mollement, presque immobiles dans l’air. Dans le ciel épais et ouaté ils sont irréels, surnaturels. La température s’est faite plus douce. On dirait que le temps attendait. Les flocons arrivent des cieux comme des messagers qui se déposent sans bruit.

Bjorn marche, ses pas dans la fine pellicule de neige font un bruit d’écrasement mou, crou, crou. Bjorn a, attaché à la ceinture, son couteau qui tinte contre sa hachette à chaque pas, à chaque mouvement de hanche. Ting, ting. Bjorn marche, le jour va se lever dans quelques heures. Maintenant ça s’est intensifié, les flocons remplissent tout le ciel. Crou, crou. Les ting, ting s’envolent discrètement. A peine si Bjorn voit où il marche. Les corps neigeux tombent sans bruit, ils viennent se poser sur ses cheveux, sur son nez et sur tout son corps. Ils tombent toujours, comme des aveugles perdus et maladroits. Au début Bjorn a voulu les chasser mais il sait que c’est vain. Les flocons se déposent sur lui. Ils tombent toujours plus vite et plus nombreux. Maintenant il pleut des morceaux des nuages.

 

 

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Une éclaircie

résumé:
Le récit se déroule à Belfast de nos jours, où un jeune catholique tombe amoureux d’une protestante. Les restes de ségrégation sociale et la méfiance de chaque communauté à l’égard de l’autre sont autant d’épreuves à traverser pour accéder à la liberté. Leur couple sera une éclaircie dans un monde celte où la lumière se bat quotidiennement pour percer des forteresses de nuages.

 

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extrait:
Il y a un petit bois à la sortie un peu plus loin derrière l’église, et c’est là bas qu’elle est allée se recueillir j’en suis sûr, dans ces restes de forêts où grand’mum me racontait qu’elle avait vu une assemblée de fées au clair de lune une nuit qu’elle s’était perdue, oui c’est ça, c’est là bas qu’elle est partie, mais après tout ne vient-t-elle pas de ce pays secret? Elle est si pâle avec sa peau de nacre que des taches de son ont serti comme des joyaux, elle est si rousse que sa chevelure rayonne sous le ciel gris, ses cheveux sont à eux seul une couronne, non que dis-je, ils sont une auréole, c’est ça, je n’avais jamais remarqué à quel point la couleur de ses cheveux et la blancheur de sa peau la rendaient irréelle, surnaturelle. Elle est mon idéal et pour la première fois de ma vie je cours vers lui, j’accepte d’écouter mon cœur, non, ce que je ressens n’est pas une faiblesse, ça n’a jamais été une faiblesse et tu le sais au fond de toi que c’est une grande force, c’est l’amour qui me transporte en ce moment sur ce sentier boueux et quand Aisling me verra courir vers elle elle saura. Aisling sentira la pureté de mes sentiments, elle comprendra, là, dans cette forêt aux vieux chênes moussus comme ce que je ressens a un sens pour nous deux. Là voilà plus loin dans ce petit bout de clairière, c’est une flamme rousse qui vacille sous le ciel gris, elle est la seule lumière sur terre en ce jour d’automne, les arbres l’entourent et tiennent une assemblée de feuilles autour d’elle, et ce qui reste de jour tombe des cieux sur elle et ruisselle, comme pour régénérer toute clarté à la source de cette fée, puis les rayons remontent ragaillardis afin de lutter contre les nuages blafards; que serait notre monde sans ce peuple magique?

Instinctivement je ralentis, puis mes muscles s’arrêtent brusquement pour me laisser prostré dans l’ombre des feuillages. Que m’arrive-t-il? Non je n’irai pas dans la clairière montrer ces sentiments qui enflamment mes yeux, qui consument mon âme au point que je me reconnais à peine. Je resterai là dans cette nuit de forêt pour la contempler, elle est si belle, si irréelle, et moi comme une erreur de la nature je me cache pour profiter de ce spectacle, pour observer secrètement la beauté céleste d’Aisling. Elle se tient là, juste à trente mètres, et la clairière qui forme un puits dans cette mer de feuillages reçoit des colonnes de bruines, des fines guirlandes de pluie qui, trop légères pour tomber , flottent et s’évanouissent mollement dans l’air en captant le gris du temps. Des processions de gouttes descendent et se déposent sur la belle chevelure rousse de cet ange, et Aisling attend debout, la tête levée aux cieux, bénie par ces perles d’eau qui viennent délicates la baiser. Je touche un tronc, épais et rugueux, irrégulier, comme moi, pourtant lui inspire la force et la noblesse quand je ne dégage que la disgrâce.

 

 

 

 

Eglantine chez edilivre.com

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Églantine

Résumé:
Réapprendre à vivre, c’est ce que souhaite faire cette jeune licenciée quand elle sort d’un coma après un accident de la circulation. Elle décide de quitter Paris pour vivre dans a maison familiale en limousin, afin de faire le point sur sa vie.
Dans une nature exigeante, qui agira sur elle comme un baume pour l’âme, elle passera ses journées à marcher en forêt, à dessiner et à lire. Entourée de voisins taciturnes mais vigilants, elle apprendra à observer le monde qui l’entoure, afin d’y trouver sa place et panser ses blessures. C’est un texte sur la reconstruction de soi, au rythme lent et apaisant.

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Extrait:

Le sentier descendait abrupt le flanc de la colline, il s’enfouissait sous les feuillages en formant un tunnel et vous donnait l’impression de faire de la spéléologie dans le ventre de la forêt. Arrivée en bas j’entendis la rivière rire de sa voix claire. De grosses pierres avaient été posées à travers l’eau pour faire un passage. Vous deviez sauter sur chacune d’elle pour accéder à l’îlot qui se trouvait au centre des eaux. Je descendis des berges pour me tenir sur une d’entre elles. J’observais le pont de fortune jusqu’à la petite île. Il y avait du courant dans le lit de la rivière et peu de profondeur où je me trouvais, où émergeaient plusieurs bancs de sable. Je montais dans l’île et m’assis sous le grand frêne qui avait poussé penché, comme pour veiller les eaux de près, comme pour profiter de leur spectacle, sa chevelure tombait et faisait de petits rubans qui filaient langoureux vers l’onde. Je me levai pour avoir une vue de l’ensemble et la rivière s’élargissait plus loin, plus profonde, elle avait un courant plus rapide et s’enfonçait sous un tunnel d’arbres. Je descendis sur une plage de sable. Je pris des cailloux que je lançais contre le courant. La rivière était percutée mais elle avalait son assaillant, indifférente et se ridait comme avant. Je choisis des cailloux plats et commençai des ricochets. Au bout d’une dizaine de lancers j’avais retrouvé mon niveau de jeune fille, et les rires sortis des écoulements des roulis semblaient des acclamations. Le soleil se penchait déjà vers l’ouest et au moindre souffle d’air les feuillages perdaient de grosses gouttes de pluie comme des perles bruyantes. Je levais mon nez aux cieux. Les épées du soleil trouaient l’intimité des branchages et je me rendis compte que la voix de la rivière m’avait bercée, qu’elle était présente comme pouvait l’être l’océan. C’était un bruit continu, un écoulement d’eaux que vous ne remarquiez plus mais qui vous habitait, la rivière roulait ses assonances cristallines et ses bulles nées du mélange des roulis éclataient de sons aigus comme des clochettes. L’hiver allait arriver. Je lançais d’autres ricochets puis m’assis sur le sable. L’eau coulait, elle volait mon attention, elle me charmait, son chant m’emportait. Je fus heureuse et je me vis ici avec près de moi un jeune enfant à qui j’apprendrais à faire des ricochets. Je me vis ici avec mon enfant et je souriais à ce visage qui m’aimait. Je respirais plus vite mais des larmes étaient montées en foule à mes yeux et je sentis leur coulée chaude sur mes joues. Je pleurais un peu, mais je pleurais de joie. Je me sentais bien ici, je sentais que j’étais chez moi. Je sentais qu’un jour j’aurais un enfant.

 

Textes de chansons pour strange panic

Textes de chansons pour strange panic:

http://strangepanic.bandcamp.com/album/nuits-blanches

http://strangepanic.bandcamp.com/album/vir-es-nocturnes

Vivons loin des gens

Tu dors encore, je sors de notre maison
l’herbe que le givre a blanchi semble d’argent
parfois j’aimerais me dépouiller de ma raison,
retrouver la clairvoyance d’un innocent.

Je descends la colline vers la rivière
j’espère que tu vas pouvoir dormir longtemps
mon souffle évapore des fumées, des prières
j’aimerais pouvoir t’accorder plus de temps.

J’enfonce mes mains loin au fond de mes poches
dans le matin clair mes petits maux pâlissent
je descends, la mousse enveloppe la roche
mes pas crissent sur le givre, crissent, crissent.

Les arbres ont formé un tunnel comme un boyau
je descends dans la forêt, dans ses entrailles,
la nuit des sous-bois se perce de rayons chauds
comme mes angoisses qui face à toi défaillent.

J’avance sous une cape étoilée d’or
je frissonne, seul dans cette intimité,
il n’y a aucun bruit, aucun homme dehors
c’est l’heure où l’aube claire commence à s’écouler.

Je l’aperçois entre les feuillages scintiller
la rivière ondule comme un serpent sacré
elle m’appelle, son chant sait m’émerveiller
entre les collines elle danse déroulée.

Je pense à toi qui dort au chaud et qui rêve
je pense au calme de notre maison, je t’aime
dans le froid je pense à l’été qui s’achève
au final, on est pas malheureux quand même.

La rivière murmure, musicale ici
le silence brille de la clarté de sa voix
son déferlement des eaux me lave l’esprit
la rivière me parle et je pense à toi.

Je regarde sa peau d’argent étinceler
le roulis des courants noueux s’entremêler
et voici que je la sens en moi ruisseler
charrier tous mes tracas, que je vois s’écouler.

Dans l’air cristallin du silence automnal
je pense à toi, je pense à moi, je pense surtout
au secret sorti des berges en conseil vital
vivons loin des gens pour nous occuper de nous.

 

Les grands chênes sous la pluie

Dans l’immensité grise ils se dressent sombres
Comme des menaces dans la pluie soudaine
Qui jettent au sommet des collines des ombres
Toujours plus grandes dans l’étendue des plaines.

Et, transies dans la pluie froide qui les fouette
Leurs statures élèvent de muettes plaintes,
-Partout vont leurs lamentations ; leurs silhouettes
Ont des voix lugubres dans le vent qui chuinte.

On les voit debout sur leur mont solitaire
Comme des condamnés, comme des suppliciés
La neige les a glacés sous son suaire
Puis le gel et la grêle se sont succédés,

Ils espéraient le printemps clément aujourd’hui
Ouvrir leurs bourgeons gorgés de sève,
Ils sont battus par quatre vents fous sous la pluie.
Et dans leurs gémissements j’entends leurs rêves.

 

Petit homme
Petit homme j’aimais les grands vents de l’hiver
L’obscurité du crépuscule des jours froids
La boue, les flaques d’eau grise dans la terre
Je courais la lande avec mon épée en bois
Charmé des cieux mornes, des arbres décharnés
Chevalier errant dans ce pays sauvage
En quête pour livrer un combat acharné
Aux monstres qu’un héros voit sur son passage.

Dans les rougeoiements déclinants de l’horizon
J’attendais dans l’obscurité grandissante…
J’éprouvais le Mystère inquiétant, l’oraison
La paix qu’ont la nuit les étoiles naissantes…
Je rentrais excité sous le grand Univers
Baigné d’un sentiment religieux primitif
Avec cette joie quand la beauté vous serre
Sous les cieux étoilés, lissés par un vent vif.
Virée nocturne
Les phares fouillent le ventre obscur de la nuit
Ils caressent des troncs, des corolles de pins
Nous montrent l’oubli, révèlent un monde englouti
Un endroit secret que la nuit garde en sa main.

De rares étoiles percent entre les nuages
On roule dans la nuit, on erre nomades,
Happés par l’appel du large et de la plage
En manque d’océan, et comme malades.

La route, son dos écailleux nous emporte
On roule dessus l’esprit vidé, presque en paix
Savoir l’océan proche nous réconforte
La route on ne voit qu’elle, son asphalte épais,
Et sa voie déserte brille sous la lune.
On longe une anse où scintille une mer d’huile
Cette vue nous remplit d’une joie commune
Des bouées lumineuses sur l’onde agile
Remuent leur halo rouge ou vert sur les courants,
Tout un havre lisse et plane qui s’étale.

Longer le rivage face aux rouleaux mourants
Sentir les vagues dans leur course finale
Nous réveille. Puis on arrive à la pointe.
La lune inonde les lieux dans son sang blanc
La surface de l’océan en est ointe,
Une immensité baignée de clarté d’argent.

Nous voilà au pied du phare de la Coubre
Il domine toute la côte sauvage
Annonce l’estuaire et ses courants fourbes
Sur des étendues de dunes et de plages.

Ce géant jaillit du sable, long, effilé
Sur son corps rouge et blanc tournent quatre faisceaux
Couronne de lumière qui aime osciller
Au seuil de ce territoire infini des eaux.

Ces dimensions illimitées sont grisantes,
La houle ondule en des lieux où l’œil s’égare
Je ressens sa respiration lourde et lente
Là, tout de suite, j’ai envie d’être un phare.

 

 

 

Voici l’heure
Voici l’heure où les lumières sont éteintes
voici l’heure où les les fenêtres sont aveugles
je marche et le froid m’a pris dans son étreinte
je marche, et mon âme souffre d’être seule.

Je ne comprends pas ce qu’on fait les étoiles
dans quel cachot m’ont elles jetée aux fers?
j’appelle mon esprit que la folie voile
j’appelle mon esprit pour qu’il explique aux nerfs.

Tu disais que je brillais comme un soleil
tu disais que je t’apportais l’équilibre
qu’à un arbre majestueux j’étais pareil
que mes caresses sur ton corps rendaient libres.
je puisais ma vie à la source de tes yeux
comment as-tu pu trahir ce serment sacré
pour personne je n’ai été aussi précieux
pour personne, tu entends? C’était mon secret

tu disais que ma voix suave était douce
belle mais voilée comme une aube grise,
le ciel où flotte ta chevelure rousse
n’aura plus dans tes cheveux son emprise

tu m’as emmuré vivant, comment as tu pu?
j’ai bien chercher à montrer mon front au soleil
mais sa chaleur fait comme si j’existais plus
j’ai bu des choses, j’ai gouté des merveilles

pour toi je suis allé supplier la lune
j’ai saigné mon coeur pour convoquer nos souvenirs,
je t’ai vue et dans une grâce peu commune
j’ai frôlé le sublime et l’éternel devenir.

je me suis cru guéri, j’ai dansé, j’ai chanté
mais ton sacre dans la terre, moi, m’a damné
et tout le jour, toute la nuit je suis hanté
rien, ni aux dieux ni à toi sera pardonné

C’est l’heure où je ris aux étoiles immaculées
et je les accuse toutes dans leur clarté
comment osent-elles m’imposer leur pureté
maintenant que l’on vient de t’enterrer

et la lumière au bout du tunnel d’insomnie
sera le feu d’artifice de mon fusil,
et ma cervelle lancée aux divinités
fera l’étoile de leur culpabilité.

Je prends fermement le canon noir et luisant
le métal froid dans ma bouche me libère
je pleure, le fusil tombe, il n’est pas fumant,
je supplie en larmes un fleuve de lumière.

 

Matin Limousin
Entre les forêts obscures au silence épais
On trouve des prés engloutis dans la brume,
Des prés gorgés de rosée dans l’aube de lait
Et ce brouillard brillant qu’un feu gris allume.

Sortant de la nuit prisonnière des forêts
Le lapin s’enfuit que le renard déroute,
On voit, en quittant les bois qui parlent en secret
Des allées de chênes en marche au bord des routes.

Les forêts murmurent dans l’aube diffuse
Et les clairières s’éclairent d’un linceul blanc,
Une bête ouatée de brume s’amuse
D’odorants genêts dont les fleurs balancent au vent.

Une âme noire dans un vol lourd traverse
Puis se perche sur un arbre. Un corbeau.
Passager des brumes que la forêt verse.
On fait connaissance, mais mes mots font défaut.

L’aube étrange éclaire l’intérieur des brumes
Je coasse vers le corbeau qui m’ignore,
Le brouillard, ce linceul lumineux qui fume
M’avale en silence, ruisselant d’aurore.

 

Regarder le ciel perler de bruine
Je reste assis devant la porte fenêtre
A regarder le ciel gris perler de bruine,
La brume moussue de pluie qui vient de naître,
Ce mauvais temps qui s’émousse en gouttes fines.

Les cieux envahis par un dragon nuageux
Sont fendus de grands sillons de lumière,
Les raies du soleil coupent ce monstre ombrageux
Et rendent à l’herbe leur verdure première.
Les arbres ont explosés sous de jeunes feuilles
De fragiles feuillages froissés un peu clairs,
Et sous leurs voûtes mon regard se recueille :
Leurs étoffes émeraude savent me plaire.

Voir leur peau translucide aux veines nervurées,
La phosphorescence de leur chlorophylle,
Me prouve que l’hiver ne pourra perdurer
Que Pan dans les couloirs du vent se faufile.

La pelouse est dense et regorge de rosée
Que les pissenlits étoilent de leur fleur d’or,
La bruine évanescente vient s’y déposer :
Mousse d’eaux, larmes de soie frôlent la flore.

 

Deuxième album
Nuits blanches

La nuit parfois, la nuit souvent je ne dors pas
Je pense, rêve éveillé à des images
Des images de nuit d’une ville là-bas,
C’est toujours le rideau d’un même mirage.
J’y pense ou je rêve que j’y pense, qui sait ?
Entre rêve d’insomnie, éveil dérivé
Dans cette ville ou des orages chauds couvaient,
Dans cette ville où l’on ne dort pas pour rêver
Pour rêver éveillé à son étrangeté ;
Cette ville éclairée qui regarde la mer
Et moi, moi, je l’observe dos à la jetée.
En tout cas et c’est beau, je rêve les yeux ouverts.

Je rêve de nuits saturées d’humidité
D’air ouaté, d’air chaud, de nuits devenues blanches
D’une immense ville éclairant le ciel violet,
De grands palmiers gracieux que le vent penche
Et de mon impossibilité à dormir,
Dans ce lieu tropical, ce monde américain
J’observe tous ces avions venir et partir
Volant la star aux étoiles jusqu’au matin
Aux étoiles qui, ici cessent de luire,
Et je rêve à ces grandes avenues éclairées
Ces autoroutes vides, au vent parfumé
Et à ces longs palmiers qui ondulent inspirés
Dans cette ville silencieuse et allumée.
Nuit de décembre
Toute cette nuit de décembre
Un vent froid a soufflé aigu dans les branches,

Toute la nuit la lune d’ambre
A baigné l’immensité d’une mer blanche.

Toute la nuit les bois durs ont craqué
Les arbres noirs ont bougé balançant leurs bras,

Toute la nuit le vent fut glacé
Voix d’un gouffre gémissant d’au-delà.

Un court instant mon thé a fumé
Brume dansante aspirée des nuages

Le long de ma gorge a brûlé
Ma bouche échappant des couloirs de mirages.
La nuit n’en finit pas
la nuit n’en finit pas de blanchir l’angoisse
je ne sais pas si tu dors mais tu respires
mes yeux sont rouges et je sue toute ma poisse
je ne croyais pas qu’on allait faire pire.

L’avenue déserte aimante mon regard
une moto hurle et déchire notre paix
tu te réveilles le teint gris, les yeux hagards
tu te rappelles alors tout ce qu’on s’est fait.

Je te dis qu’on peut plus s’aider sans se blesser
c’est pire que se détruire, c’est se souiller
pourquoi je t’ai laissée tant de fois te piquer
mais toi tu comprends plus, mes yeux vont se brouiller.

Les révèrbères ont ce message unique
tu croyais toucher du doigt le sublime
mais moi je te vois, tu es cadavérique
toi qui me sourit noyée dans tes abîmes.
Les montagnes enneigées au bout de la route

 

Les montagnes enneigées au bout de la route
brillent sous la lune, moi je roule vite
pour me prendre en main ou pour fuir mes doutes
dans la nuit bleue dont le silence m’excite.

Tu dors enfin délivrée et ton visage
a cette félicité qu’on prête aux anges,
sur la mer des cieux dérivent les nuages
parfois je songe, tu sais, que tout ça change.

Les montagnes immaculées semblent si prêtes…
et leur auréole de neige éternelle
est le pays des dieux, le but de ma quête
quelque chose de sacré là-bas m’appelle.

Les phares éclairent les pointillés du goudron
comme deux yeux dont la vue est limitée
mais je vois au delà, j’aperçois la solution
je remonte le courant, on va y arriver.

Sous les milliers de diamants griffant l’univers
je me suis enfin apaisé à tes côtés,
la voie lactée écoule sa rivière
en perdant sa poudre de lumière étoilée.

J’ai jamais compris pourquoi j’étais en échec
est-ce que rester à mes côtés peut t’aider?
Tu es belle là, je suis fier d’être ton mec
cette nuit tout roule et je vais accélérer.

La route, cette peau craquelée par le froid
me fait penser à nous, à ce qu’a fait la vie,
pourtant elle se déroule, ouvre une voie
où le givre en long ruban verglacé luit.

je roule vite, la route glisse, tu dors.
je n’arrive plus à être prudent, tu vois
les montagnes là-bas scelleront notre sort,
elles veillent sur nous, j’ai pas réussi moi.

après tant de pleurs on a pourtant essayé
tu es belle en paix là, le sommeil me gagne
dis moi, ô mon ange, as-tu jamais rêvé
Rouler après la lune auprès des montagnes?
Lovés dans la nuit

 

Je roule vite en direction des collines
pour voir la ville en son berceau de lumières,
nous c’est très sérieux à présent j’imagine
c’est pour toujours, j’en formule la prière.

Tu ris, la route serpente vers les hauteurs
la vitesse est cool, la ville brille derrière
je reconnais ce bonheur que tu m’as appris
rouler lovés dans la nuit jusqu’à plus d’heure.

Le vent s’engouffre dans tes cheveux détachés
tu me souris et moi je suis ton amoureux,
j’aimerais que soit bloquée dans l’éternité
cette nuit douce où la lune vogue en eaux bleues.

Nous arrivons au sommet. La ville dort en bas
on voit ses lumières palpiter à nos pieds
comme une eau qui tremble, comme un cœur qui bat
et toi mon ange, ton visage est éclairé.

Des avions approchent et tournent très doucement
quelques étoiles percent dans ce ciel cuivré
et la vallée s’arrondit comme un lac brillant,
mes lèvres s’ouvrent et baisent ton cou parfumé.

Tout autour les arbres humides murmurent au vent
Je viens derrière toi et te serre dans mes bras,
on est deux ombres pures tombées du firmament
chacun vit pour l’autre, lové dans son aura.